Pourquoi danse-t-on ?
Pourquoi la représentation du mouvement est-il si nécessaire à l’humanité qu’une trace nous est parvenue depuis le 9ème siècle avant notre ère ?
L’enfant nous donne une partie de la réponse. Avant de parler, il chante. Avant d’écrire, il dessine. Dès qu’il se tient debout, il danse. L’art est fondamental pour l’expression humaine.
Quelle est la particularité de la danse parmi les autres arts ? Pourquoi danse-t-on ?
La réponse est paradoxale et c’est ce qui fait sa richesse.
Oui, on danse certainement pour partager sa joie et célébrer la vie en communauté.
Mais quoi d’autre ? Le philosophe Friedrich Nietzsche nous aide par ses lignes : « La danse, dans sa capacité à exprimer une gamme d’émotions – de la joie à la tristesse, de l’amour à la douleur – est un puissant symbole de cette affirmation de la vie. Danser, c’est faire face aux difficultés, c’est transcender la douleur, c’est trouver de la joie et du sens dans l’existence. »
Depuis la nuit des temps, la danse est un moyen de sortir de soi. Pendant la danse, le danseur se dissout. Et s’il n’est pas prêt à consentir à cette disparition, il ne peut tout simplement pas danser. La danse ainsi flirte avec la transe pour dialoguer d’égal à égal avec le temps, comme dans le tableau d’Emil Nolde « Danse autour du veau d’or » (1909)
Les danses macabres
En réponse à la mort omniprésente au moyen-âge, les danses macabres sont légion dans les églises et les cimetières. Des squelettes dansent pour ramener les brebis égarées dans le droit chemin. Pour tous, elles sont une incitation à une vie pieuse et obéissante. Aux puissants, ils véhiculent le message : « Conduisez-vous bien, au jour du jugement dernier le Bon Dieu reconnaitra les siens ». Pour les pauvres, elles sont la voix du réconfort : « Vous êtes miséreux ici-bas, mais le paradis vous attend là-haut contre un comportement exemplaire ».
La danse, expression de vie
Comme pour Nietzsche, la danse est pour moi une représentation vivante de la volonté de puissance, de l’union du corps et de l’esprit, et de l’affirmation joyeuse de la vie dans toute sa complexité et sa beauté.
Mais aussi vrai que la page n’est jamais blanche pour un écrivain mais qu’elle est au contraire encombrée de tout ce qui a déjà été écrit, la toile blanche est de même remplie de toutes les créations précédentes et elles ont été nombreuses (voir la peinture et la danse).
J’essaie de faire avec la sensibilité héritée de mes gènes et de mon histoire, aussi libérée que possible de l’influence de mes prédécesseurs et pourtant évidemment dans leur héritage (encore un paradoxe !), au service du passage de l’émotion.
La liberté, c’est savoir danser avec ses chaînes – Friedrich Nietzsche